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DOSEONE INTERVIEW (Themselves, Subtle, 13&God, Clouddead) – French

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“Il y a pas mal de gens qui ont un problème avec la façon dont je fais du hiphop. Mais entre moi et le hiphop, ya pas de problème, on est ensemble pour la vie…”




Pour la première fois, Doseone venait au Japon sans sa bande pour presenter son prochain album solo, G is for Deep, à sortir sur Anticon. Au départ pour un concert lors d’un gros festival organize par Kaikoo – Popgroup, label chapeauté par Dj Baku, Doseone a au final pu faire un petit concert à Tokyo la veille, pour les gens ne pouvant pas se déplacer sur une journée entière. Ceux qui suivent ces pages depuis des années savent combien je suis fan de ce type, et de ses differents projets. Du mythique Clouddead au hiphop Themselves, en passant par les sublimes perles pop de 13&God et les experimentations de Subtle, le fondateur d’Anticon a toujours défonçé mes tympans, depuis plus de 10 ans maintenant.

A partir du moment où le mec posait le pied au Japon, il me fallait absolument une interview. Vu que Doseone s’est pointé vraiment tout seul dans le pays, cette interview se transformera au final en un weekend entier, entre ballade chez les yakuzas du kabukicho, un Cat Café bourré de félins calins, pas mal de bières, un bar spé dans le hardcore, son concert et des taxis à 3h du mat’.

Hors interview, le bonhomme parlera pas mal de politique americaine et française (veille du premier tour des présidentielles dans l’héxagone), de chats, de son aventure 13&god, de sa vie a San Francisco, de son morceau avec TTC pas d’armure, de sa fascination pour les japonais completement bourrés que l’on croise dans la rue le weekend, des français très “Fin de l’épice”, et encore de chats, de chats, et de chats. Toujours avec un sourire jusqu’aux oreilles et une générosité assez incroyable.


- Rencontre donc, où l’on parle longuement de son nouvel album solo, de son projet Nevermen avec Mike Patton et Tunde Adebimpe, de Freestyle, de gamins super chauds, de Tyler & Asap, de chats, et de l’état de la musique actuelle. Et surtout de cette passion inénarrable qu’a Doseone pour le Hiphop.






- dat’ : Avec ton nouvel album, G Is For Deep, il semblerait que pour la première fois, un solo de Doseone ne sorte pas de façon confidentielle, sans promo… ?

DoseOne : Pour être honnête, les disques Ha et Skeleton Repelent étaient des recueils que j’avais fais entre deux albums avec mes groupes. Pas vraiment en mode side project, surtout des choses que je ne pouvais pas garder pour moi, des morceaux que je faisais parfois seul la nuit avec mon chat à coté, et au final, en passant en revu 4 ans de création je me disais “tiens cela pourrait faire un disque !”. Alors que pour G Is For Deep, je voulais faire un vrai album, qui contenait des morceaux que l’on peut chanter, des morceaux que je pouvais écouter à toute heure.



- dat’ : Oui le disque semble vraiment plus ouvert, moins expérimental… C’est à cause de la musique que tu as fais récemment avec Subtle ou 13&God ?

DoseOne : Non pas vraiment… c’est juste moi sur ce disque. Je voulais ce solo plus direct qu’avant… Il y a moins de mots, moins de réflexion. J’ai produit dix instrues. J’en laissais tourner une pendant des heures, je me bourrais la gueule et je chantais dessus. J’ai fais toutes les chansons de ce nouvel album completement bourré. Et le matin suivant, j’y revenais en mode sobre, avec du café, et une approche super critique. Le truc, c’est que je suis vraiment un rapper à la base, et je n’ai pas vraiment de connaissance en chant. Si tu me donnes un micro et que tu me demandes de chanter un truc, je ne pourrais rien faire de bien. Donc j’avais clairement besoin d’être vraiment moi même, de me laisser aller et de me lâcher un peu. D’où le principe de se bourrer la gueule la nuit, et de remodeler le lendemain ce qui avait été fait la veille. Tout ce qui en est sorti pour l’album est “pur”, c’est plus spontané, immédiat, je me cache moins derrière ce que je veux dire.

Je renverse ma bière sur Dose, il y en a plein la table, un serveur japonais arrive, catastrophé en tentant de nous essuyer. Doseone se lève et hurle “it’s party, take off your shirt !!!!!” le serveur flippe et ne sait plus quoi faire. On tente de reconnecter l’interview.



- dat’ : Oui, car G Is For Deep sonne Hiphop, mais aussi aérien et enjoué, avec de la pop et autres, contrairement à tes anciens solos… comment pourrais-tu définir ce G Is For Deep?

Doseone : Ben, j’ai évolué au final. J’ai essayé de créer quelque chose qui sonne naturel et direct. C’est assez nouveau pour moi, je n’avais jamais vraiment produit mes propres trucs avant. Comment je pourrais définir le disque ? Sincèrement, je ne sais vraiment pas ce que ça peut être, pour être putain d’honnête (rires). Je pense que c’est du R’n’b. Franchement, je déteste la plupart de ce qui se fait en R’n’b, mais sur mon disque, c’est plus du “Doseone-R’n’b-alcoolisé” (rires).

Pour tout dire, je pense avoir pas mal innové et apporté des choses dans le hiphop, dans le rock, dans l’art en général… mais presque personne n’en a jamais rien eu à foutre ! Donc je m’en balance, je fais mes propres trucs maintenant et je me fous du reste. Tu sais, je n’ai jamais rien gagné avec ma musique… juste des dettes ! C’est pas très grave, car j’ai toujours fais ça pour des bonnes raisons, mais je suis à un point où la musique que je fais doit d’abord être faite pour moi et mon entourage. Pas de façon égoïste hein, quand je dis “moi”, j’englobe tout ceux qui aiment et écoutent ma musique. Donc voilà, je ne me prends plus la tête, j’adore ce que j’ai fais avec ce nouveau disque, c’est tout, et c’est vraiment le plus important.



- dat’: Ce qui est sur, c’est que quand on te voit en live, on comprend clairement que tu es investi à mort dans ta musique… !

Doseone : Ouai, mais ça m’a pris pas mal de temps. Faire un concert, être sur scène, c’est moi à 100%. Je suis juste vraiment heureux, j’ai une heure pour faire ce que j’aime le plus. Ce soir, c’était un peu different car c’était vraiment la première fois que j’étais seul sur scène, de bout en bout, donc c’était assez stressant. Et les chansons, normalement, il faut les jouer au moins 20 fois pour qu’elles deviennent ce qu’elles doivent vraiment être en live. Donc ce soir, c’était le tout début du processus. Mais c’était cool. Après quelque temps, certains morceaux commencent à te saouler à force de les jouer, mais là, c’est que des nouveaux titres, donc je suis super heureux (rires)




“Mes élèves ? Peut être qu’ils pensent… que je suis complètement taré”



- Bon, parlons sérieusement. Tu as parlé plusieurs fois, il y a quelques temps, de Nevermen, ton futur groupe avec Mike Patton (Faith No More, Mr Bungle…) et Tunde Adebimpe (Tv On The Radio). Mais au final, on n’a toujours rien de concret. C’est toujours d’actualité ce projet ?

Doseone : Oui bien sur ! Bon, comme dans Fightclub, il n’y a qu’une règle dans Nevermen : ne pas bâcler les choses. Donc on prend notre temps, pour que tout soit parfait. Mais ça va sortir ! j’espère en fin d’année… Tu imagines bien que Mike Patton est super occupé… On chante tous les trois sur le disque, et il est produit par Patton et moi. J’ai fais tout le boulot de production initial, et j’ai envoyé ça à Patton. Donc maintenant, on attend qu’il me renvoie le tout.

Pour ce disque de Nevermen, il n’y aura aucun morceau en solo, tout est fait à trois. On a essayé d’entremêler les voix, que toutes les parties chantées soient faites avec Tunde, Patton et moi, je crois que l’on ne fait même pas un couplet seul sans les autres. Tu te souviens comment CLOUDDEAD marchait ? Et bien j’ai essayé de tirer un maximum de cette expérience, et de faire un truc parfait. Je veux que pour les mecs comme toi qui aiment les trois chanteurs, votre tête explose littéralement du genre “aaaaaah putain mortel ils sont tous là” (rires). Mais bon, on veut vraiment chiader le truc, et prendre notre temps. On ne veut pas faire comme le disque tout pourri de N.A.S.A là (rires)



- J’avais posé la même question à Raoul Sinier lors de son interview : tu as un lien très fort entre ta musique et ton art, avec tes peintures, figurines et autres… c’est quelque chose d’indissociable ?

Doseone : Ca fait vraiment parti de ma musique effectivement. Je pense qu’une partie de ma musique et de mes textes viennent de là. Ils viennent de pleins de sources différentes, mais l’art en fait parti. Je mets toutes mes émotions dans la musique, mais aussi dans le dessin… Ah par contre, pour le nouveau disque, c’est quelqu’un d’autre qui a fait l’artwork, c’est la première fois ! Donc on ne verra pas de squelette sur l’artwork pour une fois ! (rires). C’est une décision que j’ai prise avec Shaun, le mec qui dirige Anticon. Je m’étais tellement investi dans la musique pour ce disque, j’étais complètement épuisé. Et puisque que ce disque sonne de façon assez “nouvelle” pour un solo Doseone, j’ai pensé qu’essayer quelque chose de différent pour l’artwork était une bonne chose… !



- Tu continues de donner des cours de rap, en tant que professeur de freestyle?

Doseone : Les cours ont été supprimés il y a un an, pour cause de manque de fonds. C’était du bénévolat, avec le support de la mairie, mais le tout a été annulé. C’était vraiment mortel. Un jour, on m’a demandé de parler hiphop à des gamins, ce que j’ai fais. Puis ils m’ont dit qu’ils avaient un cours de Freestyle juste après. J’étais sur le cul, du genre “quoi ? un cours de freestyle ? je peux rester pour voir ?” et au final, j’ai commencé à enseigner, et cela pendant 4 ans. On a foutu le feu dans ce cours, les petits étaient dingues, c’était génial.



- Qu’est-ce que tes élèves ont pensé de ton dernier disque de Themselves? C’était méchamment Hiphop, mais aussi bien bizarre…

Doseone : Peut être qu’ils pensent… que je suis complètement taré (rires). A dire vrai, je n’ai jamais vraiment demandé… Je pense que pour eux, j’étais un freestyler avant tout. Et pour freestyler, il faut vraiment se lacher, se laisser porter, donc j’ai essayé de leur apprendre ça en premier lieu. Et même si ces cours ne sont plus d’actualité, j’ai acheté une superbe Boombox façon années 80’s, et on va tous régulièrement dans le centre de San Francisco pour freestyler et faire des Cypher dans la rue, c’est vraiment énorme. Parfois on est juste 10 personnes, mais parfois il y a bien 200 personnes qui nous entourent. Il y a beaucoup de Battle, tout le monde veut tenter de me détruire parce que je suis blanc (rires). Mais c’est pas de faire des Battles le plus important, mais c’est vraiment le freestyle, c’est ce que j’aime le plus, clairement.

Tu sais, genre dans une relation amoureuse, dans un couple, on doit parfois vachement communiquer, quand il y a un problème. Mais le rap et moi, on est ensemble jusqu’à la mort. Ces dernières années, tu sais pourquoi j’ai fais pas mal de disque très pop/chant ? Car de l’autre côté je passais mon temps à rapper dans la rue. C’est tout simple. On peut me critiquer comme on veut, on peut me traiter de nul, vieux, bizarre, gay, pop, vendu… appelle moi comme tu veux, j’en ai rien à foutre, car au final je rappe depuis toujours. Il y a pas mal de gens qui ont un problème avec la façon dont je fais du hiphop. Mais entre moi et le hiphop, ya pas de problème, on est ensemble pour la vie. D’ailleurs, tous les rappeurs que j’ai pu rencontrer, qu’ils soient normaux ou super balaises, jeunes, blancs ou noirs, ils le savent, ils captent tous que j’aime ça par-dessus tout.

Le seul problème qu’il m’est impossible d’éviter, c’est : je chante, je rappe, et je le fais depuis 15 ans. Mais les gens ont commencé à m’écouter à des moments diffèrents de ma carrière, et veulent toujours entendre à nouveau ce qu’ils ont écouté de moi en premier. Ceux qui sont tombé sur moi dans ma période hiphop veulent absolument que je rappe à chaque fois. Et ceux qui m’ont écouté chanter veulent que je continue là dedans. Mais au final, c’est ok, car tous les styles que j’ai arpenté pendant ma carrière, je les referais à un moment ou un autre.



- Ce n’est pas la première fois que tu viens au Japon non?

Doseone : Non. La première fois, c’était à cause de Dj Krush. Il est tombé amoureux du crew Anticon quand on commençait juste. C’est lui qui nous a fait venir au Japon au départ. A dire vrai, il était dingue de JEL à la base… mais JEL avait toute la famille Anticon à ses basques donc… (rires). Le petit problème est que mon niveau de japonais est pourri, et que Krush n’est pas super fort en anglais, ce qui ne facilitait pas vraiment la communication entre lui et moi. Mais je suis un fan absolu de Dj Krush. Mes premiers raps, c’était sur du Dj Shadow et du Krush… il n’y avait aucun hiphop instrumental dans le style avant ! Avec le groupe The Prunes aussi, des mecs qui ont taffé avec les Beastie Boys. Ces trois beatmakers, c’était vraiment le début de tout pour moi. Donc Krush nous a amené au Japon, et là j’ai rencontré les mecs de Popgroup (ndlr : entourage de Dj Baku) et ces mecs sont devenus des putains d’amis, presque des frères.

Sinon j’adore le Japon. Je pense qu’il y a des trucs un peu chelou quand même, genre, socialement, c’est parfois bizarre… mais clairement les japonais, dans leur vision, leur appréciation du monde, sont les meilleurs. C’est assez difficile à expliquer, mais le reste du monde n’est pas comme le Japon. Et pour un musicien un peu à la marge comme moi, c’est parfait de venir ici parfois ! Pour la musique japonaise, c’est difficile de bien connaître le sujet pour moi, car aux US, on entend très peu parler de productions japonaises. Mais quand je viens dans le pays, j’adore tout ce que j’entends, en live et compagnie. Les mecs semblent avoir la possibilité de vraiment faire et créer ce qu’ils veulent. Genre le groupe qui jouait avant moi ce soir, Ningen Ok, était complètement dingue.




“La musique est dans une époque bizarre, c’est comme de l’eau, les gens la consomment gratuitement, et comme si cela allait toujours être gratuit à partir de maintenant…”



- Et que penses-tu de cette nouvelle vague de Hiphop dont tout le monde parle ces temps ci, comme Asap Rocky, Danny Brown, Odd Future ou même Death Grips ?

Doseone : Ben, ce que j’aime vraiment dans cette nouvelle scène, c’est que se sont de jeunes blacks qui ont beaucoup d’originalité. Parceque ça fait un bail que cela n’avait pas été le cas dans le rap. C’est juste que des mecs comme Biggie Smalls ont fait exploser le rap, mais en ne parlant que d’argent et encore d’argent. Et depuis au moins dix putains d’années, le rap ne parle que de fric, et c’est de la merde. Il y a vraiment un manque de personnalité dans les lyrics depuis quelques temps. Quand j’étais jeune, le rap était différent. Je veux dire, tu voulais du rap marrant, du rap porno, du rap violent, du rap joyeux, du horror-core, du rap gangsta… ben il y avait de tout ! Donc voila, ce que j’aime avec ces nouveaux venus, c’est qu’il y a de l’originalité, on dévie enfin des textes parlant que de fric. Bon, pour Asap Rocky, j’ai été un peu déçu ces derniers temps, parce qu’il commence à ne faire des morceaux qu’avec des (il tente d’imiter Asap Rocky, ce qui nous fait bien marrer) “I got a driiiiink, I got moneeeey” façon Soulja Boy, ce qui fait un peu pitié. Même si les prods de Clams Casino cassent la baraque. On va dire que pour Asap, le mec ne fait pas assez d’efforts. Il est cool et tout, mais tu as envie de lui dire “allez, bouge toi le cul putain, casse tout, vas-y à fond” (rires)

Pour Odd Future, c’est diffèrent , car Earl et Tyler sont incroyablement doués et talentueux. S’ils deviennent trop gros trop vite, ils risquent de se cramer définitivement. Mais s’ils mettent la chance de leurs côtés, et si Earl peut continuer dans cette originalité qu’il a depuis le début, sans être dilué par leur popularité, ils risquent d’être des mecs vraiment brillants. En plus, les beats labellisés Odd Future sont souvent un peu pourris, mais putain, le charisme de ces jeunes est absolument incroyable. Tu sais, après avoir enseigné le rap à des gamins de 14 ans, ça me fait vraiment kiffer de voir que le rap fait par des jeunes est de retour. En ce moment, tous ces mecs ont la hype avec eux, ils font des couvertures de magazines alors qu’ils ont juste balancé un EP sur internet, voir parfois juste un morceau… Mais s’ils respectent le Game, ils deviendront grands. Les vrais artistes évoluent, et les acteurs restent à quai. Sinon, pour Death Grips, c’est un peu différent, mais ce groupe est juste génial.



- Pourquoi aimes-tu autant les chats?

Doseone : Je ne sais pas vraiment. Ils sont “vrais”, c’est tout.

- Tu es déjà allé dans un Cat Café au Japon ? C’est un endroit ou tu peux prendre une bière, comme dans un bar normal, sauf qu’il y a des chats partout.

Doseone (il écarquille littéralement les yeux) : De quoi… ? C’est quoi ce truc de dingue, tu déconnes? C’est où ? Je veux y aller maintenant ! Ou demain, c’est possible demain ? Genre le matin? J’ai un concert l’aprem, mais sinon après c’est quand tu veux. Je ne peux pas croire ce que tu me dis, j’avais jamais entendu parlé de ça, je veux juste vivre dans ce putain d’endroit (rires)



- Ok désolé, je sais que tous les musiciens détestent cette question en fin d’interview… mais tu peux conseiller trois disques ou artistes à écouter absolument?

Doseone : Bon, Shabazz Palaces déjà, il faut acheter tous ses disques. Sinon, il y a aussi Seregenti ! C’est mon MC préféré, ce mec m’inspire comme jamais… Et sinon… (longue réflexion). Bon… on va dire… Hey, j’adore Baths. Sa musique est sublime. Si tu n’écoutes pas Baths, t’es qu’un enfoiré (rires). Bon ok, deux des trois artistes cités sont sur Anticon, c’est un peu craignos, mais c’est vraiment ce que j’aime.



- Dernière question, j’ai vu sur ton wall facebook que l’on t’avait tenu au courant de la probable fermeture du Grrrnd Zero, cette salle de concert underground mythique à Lyon… tu as un truc à dire pour eux ? Ca reflète quelque chose de la musique actuelle ?

Doseone : Ouai j’ai vu ça ! Et bien, sauvez le Grrrnd Zero ! Pour ceux qui veulent le fermer, ne soyez pas des putes ! Et profitez de ce que vous avez avant que cela disparaisse… C’est un peu comme tous ces disquaires qui ferment, ça me rend triste…

Tu sais que j’ai du trouver un travail cette année ? Parce que je ne faisais plus du tout d’argent avec la musique. J’ai donc un boulot, un taff en entreprise. Et je suis bien obligé de travailler maintenant, car j’ai beaucoup de dettes à cause de ma musique. En plus c’est pas comme si je m’étais acheté des Corvettes et plein de cocaïne hein… C’est juste que je devais payer mon loyer, et que au bout d’un moment, ce n’était plus possible, je ne pouvais plus vivre de ma musique, ça m’a vraiment pris la tête.

Je n’essaie pas d’être misérabiliste pour le coup hein, mais je fais de la musique parceque j’aime ça plus que tout, alors pas le choix. Mais maintenant que j’ai un boulot, je suis comme un gosse à nouveau ! Après le taff le soir, je rentre chez moi et je suis là “putain il faut que je fasse un morceau là maintenant” (rires). Le truc, c’est que pour faire de la musique, tu dois dépenser de l’argent. La musique ne vient pas de nulle part, faire du son comme on le veut, ça coute du fric, il faut que les gens comprennent ça… Mais la musique est dans une époque bizarre, c’est comme de l’eau, les gens la consomment gratuitement, et comme si cela allait toujours être gratuit à partir de maintenant.

J’aime pas parler comme un vieux con, mais je pense que c’est irrespectueux de voler de la musique. Tu sais, un jour, j’ai eu un journaliste devant moi, qui venait pour une interview, et il me dit “mec je possede tes disques” “Whao, c’est super cool, merci !” “j’ai réussi à tout pécho sur le net, et j’en ai même acheté deux”. Donc j’ai fais le calcul dans ma tête, et j’ai dis “ok tu me dois 150 dollars, tu me les files maintenant ou après l’interview ?” (rires). Comment tu veux que je parle de ça sans passer pour un vieux con ? Tu sais, les trucs sur le fait de télécharger illégalement ma musique et tout, ça me foutait vraiment la mort. Si tu vas dans un musée, que tu prends un tableau sous le bras et que tu te barres, c’est la même chose ! Tout le monde te balance “la musique n’a jamais été aussi bonne, il faut absolument qu’on la partage gratuitement”, et moi je désespère façon “please nooooooooooooooo !” (rires).

Alors j’ai laissé tombé, maintenant je fais juste la musique que je veux faire, sans penser au downland et autre partage gratuit, car ça me prenait trop la tête, et c’était une logique impossible à comprendre pour moi. Je pense qu’il n’y a aucune solution à ce problème dans le futur, il faut juste être résilient. Hey, en parlant de chat, tu connais les photos Breading Cats ?? (rires)






Photos : Doseone live (20 avril) à Tokyo + Cat Café (21 avril) :






Doseone – Last Life (G is for Deep)





Doseone interviewed by Dat’ / Chroniques Automatiques


Photos by Dat’ / Chroniques Automatiques


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Ps : Solidarité Chroniques Automatiques toujours en cours, n’hésitez pas à faire tourner l’interview un maximum !!





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